Histoire de notre école (II)
Deuxième partie

Ecole baladeuse

Article mis en ligne le 29 novembre 2021

par Georges Rayet

En octobre 1841, ayant appris la démission de Pierre Mazetier, l’ instituteur du Chauchet Jean Lefaure, âgé de 21 ans mais qui présente toutes garanties en matière de capacité et moralité, se propose : il est adopté aussitôt à l’unanimité par le conseil municipal.

Cependant, il reste un gros problème à régler , c’est celui des locaux, d’autant plus que Jean-Baptiste Malterre qui louait depuis un an une chambre à l’étage de sa maison annonce la fin du bail pour octobre 1842 !
Cette maison se trouve en face de l’église ( actuelle maison Debellut-Marsallon ) et c’est peut-être la proximité qui entraîne des conflits : un conseiller rapporte en mai 1842 que le desservant est rentré dans la salle de classe pour battre des élèves !

Considérant la difficulté du métier, le conseil décide alors d’augmenter la rétribution scolaire mensuelle :
* 1F25 pour apprentissage de la lecture.
* 1F50 pour lecture et écriture.
* 2 F pour le programme complet d’enseignement primaire.
En ce qui concerne les locaux, le conseil envisage alors plusieurs options :
* Achat d’une maison qui ferait salle de classe et logement de l’instituteur, mais achat limité à 2400 F .
* Construction neuve sur un terrain communal appelé le coudert, parcelle 992.

Mais, pour la somme de 90 F, l’architecte Barrat fournit des plans et en même temps un devis de 5200 F qui refroidit l’assemblée.

Finalement, le maire est chargé de trouver une maison affermée pour environ 75 francs, capable de contenir les élèves et le matériel. Et c’est la maison du maçon Antoine Tabard, maison qui n’existe plus au numéro 77 qui est l’heureuse élue et qui sera donc école publique à partir de février 1843. | |.
Petite indication : sur ce plan cadastral de 1820 , au n° 7 se trouve l’actuelle maison de Lionel Grosvallet, rue de l’Epaillard.
Cette maison Tabard n’est pas bien adaptée mais avec un loyer de 72 F, argument convaincant pour plusieurs membres du conseil, elle fera fonction jusqu’en 1858.

Il est bon de rappeler que pour certains conseillers , l’école publique n’est pas vraiment une priorité. La création de routes, de ponts, l’entretien des chemins sont autrement plus importants, d’autant plus qu’il existe dans le bourg des écoles privées. Pourtant un crédit de 40 F est accordé en mai 1844 pour fournitures scolaires, et en mai 1845, pour un total de 27 F, on achète un tableau système métrique, un mètre, un compas, une boussole et 5 tableaux de lecture.
Et quelques années plus tard, en août 1850, quand demoiselle Chabredier se propose pour devenir institutrice communale, le conseil lui accorde un traitement de 50 F, en souhaitant une rallonge de la Préfecture. Il faut dire que le transfert du cimetière , l’élargissement de la grande route et la création de nouveaux chemins ont mis à mal les finances communales.

Août 1858 , le maçon migrant Antoine Tabard demande à récupérer sa maison. Et par un heureux hasard, la maison voisine ( n° 80 sur le plan ) appartenant à Vincent Luzier est libre !
Assez spacieuse pour accueillir l’école, le logement de l’instituteur et la salle de réunions pour le conseil. Le loyer de 200 F est jugé exhorbitant mais l’occasion est trop belle et tout le monde déménage, y compris l’instituteur Jean Lefaure.
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En février 1859, la rétribution scolaire mensuelle reste fixée à 1F 50 par élève et le total annuel encaissé directement par l’instituteur est de 552 F . En nous basant sur 8 mois de fréquentation , et une douzaine d’indigents, on peut estimer un effectif d’environ 55 élèves. N’oublions pas qu’il y avait 1700 habitants dans la commune mais aussi des écoles libres dont deux pour les filles !
D’ailleurs Madame Vallade, institutrice privée demande en 1860 à être nommée institutrice communale. A la même époque le Sous-Prefet invite le conseil à créer une école de filles

Le décès de Vincent Luzier en 1863 entraîne un changement de propriétaire : il faut encore déménager, mais cette fois une occasion se présente avec la vente judicière de la maison de Jean Gasne, récente, grande , bien située, le maire Charles de Couthille insiste pour que la vente se fasse au profit de la commune.

Il faut réunir des fonds, et en accord avec les 10 plus gros contribuables, le conseil vote en impôt extraordinaire de 6000 F. L’architecte donne un avis défavorable, mais le sous-prefet soutient le maire et la maison est acquise le 15 fevrier 1865. Dans ces transactions, on retrouve l’opposition constante entre deux familles qui se succèdent à la mairie au cours du siècle : les De Courthille de La Voreille et les Picon de Bonlieu.
A la rentrée d’octobre 1865 les élèves intègrent la nouvelle école sous la direction de deux maitres : Jean Lefaure et Philippe Lavaud.
Avec quelques réparations et agrandissements ( les latrines au fond du jardin ) cette maison remplira son rôle jusqu’en 1890, date de l’inauguration de l’école actuelle.