Lou parquet au musée
Article mis en ligne le 27 octobre 2014
dernière modification le 7 novembre 2019

par Georges Rayet

Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître...

C’était en 1948, Peyrat en ce temps là comptait plus de 1000 habitants et dans l’euphorie de l’après guerre, à l’occasion des fêtes, noces, banquets, quand la grande salle de l’Anaïs devenait trop petite, on faisait venir Georges Malley de Létrieix avec son parquet.

Bon, alors quelques précisions pour les plus jeunes :

  • Anaïs Malterre tenait l’un des 6 ou 7 bistrots du bourg. Pour info, il y avait aussi dans le bourg 2 boucheries, 2 boulangeries, 4 épiceries, 2 magasins de confection, 1 magasin d’électroménager, 1 quincaillerie ( j’ai peur d’en oublier ) et pleins d’artisans.
  • Un parquet, c’est un parquet de bal, structure démontable en bois, bachée, extérieurement bariolée, avec entrée payante pour danser .

  • Georges Malley était un précurseur en la matière. Son fils Jean, dit Jeannot fut un brillant accordéoniste .

Mais alors pourquoi « lou parquet » ?
C’est une expression, faute de langage de Joseph Madrid, immigré espagnol qui toute sa vie matraqua à sa façon la langue française. C’est peut-être lui qui donna à mon père cette idée de fabriquer un parquet, en tout cas, ils étaient associés en 1948, lorsque le dit parquet fut monté pour la première fois. Et comme on ne faisait pas payer les amis de la famille, Joseph avait dit : « lou tante, lou cousin, lou beau-frère....lou parquet lou plein, lou caisse lou vide »

Les voilà les deux associés, en haut des escabeaux. C’était à Saint-Julien , place de la bascule en 1950.
Plus tard , la famille Rayet se retrouva seule à la barre, à l’heure où le bal musette était fortement concurrencé par le disco et les boites de nuit. Mais il restait de nombreuses possibilités de location et bon an mal an, jusqu’en 1997, Robert et Micheline ont monté démonté leurs deux parquets dans toute la Creuse et même au delà.

Vous avez dit musée ?
Et oui, il s’agit du Mupop de Montluçon. Des passionnés ont d’abord accumulé tout un trésor, dont les parquets Rayet, avant de créer ce musée consacré à la musique, les modes, les techniques, les instruments . Et dans l’une des salles, vous pourrez voir une petite partie de« lou parquet » presque dans son jus d’origine, avec l’estrade pour l’orchestre.

Et si vous avez un peu de nostalgie et beaucoup d’imagination, vous pourrez peut-être entendre Jeannot Malley où Lucien Petit à l’accordéon tandis que sur les bancs devant l’orchestre quelques jeunes filles attendent patiemment qu’on vienne les inviter à danser.
Mais quand même, "lou parquet" dans un musée, ça me fait tout drôle. Et au train où vont les choses, on viendra bientôt visiter l’atelier de menuiserie pendant les journées du patrimoine....